Foire aux questions

Ça dépend de comment on définit le fascisme! Selon les politologues, ça peut être un régime politique, comme l’Italie des années 1920 sous Mussolini ou l’Allemagne nazie, mais ça peut aussi être un mouvement culturel ou politique, ou plus fondamentalement encore, une idéologie, c’est-à-dire un système de croyances et de doctrines. Pour nous, le fascisme recoupe toutes ces choses-là à la fois : c’est un processus continu l’idéologie fasciste est le fondement d’un mouvement de transformation des valeurs culturelles et politiques ayant pour objectif de prendre le pouvoir pour imposer une vision du monde. (De nombreux spécialistes des sciences politiques ont étudié cette question tout au long du vingtième siècle et jusqu’à aujourd’hui, sans jamais parvenir à une définition consensuelle. Plusieurs auteurs ont toutefois proposé des cadres d’analyse utiles1. C’est le cas notamment de l’Italien Umberto Eco, que l’expérience directe du fascisme durant son enfance a conduit à écrire un essai devenu célèbre, Reconnaître le fascisme, qui énumère 14 caractéristiques de ce qu’il appelle le « fascisme éternel ». C’est un excellent point de départ.)

Dans le contexte particulier du Québec, nous préférons parler d’extrême droite, soit l’ensemble des mouvements, des organisations et des partis qui, selon la définition qu’en donne Wikipedia, s’appuient sur un certain nombre de fondements idéologiques, dont le rejet de l’immigration, justifié par une vision de la société fermée et homogène définie par la nationalité, l’ethnie ou la race, et un projet autoritaire valorisant l’obéissance aux autorités, aux traditions et aux hiérarchies. L’extrême droite peut opérer à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des institutions.

Il est vrai qu’il n’y a pas actuellement de formation politique ouvertement fasciste ou d’extrême droite au Québec, même si les organisations groupusculaires fascistes ou néonazies n’ont jamais tout à fait disparu. Les tendances ethnonationalistes/identitaires issues de l’extrême droite, par exemple, exercent encore aujourd’hui une influence sur les milieux nationalistes et indépendantistes. Mais au-delà de ces groupes de pression marginaux, il est bien plus alarmant d’observer au sein des institutions politiques et médiatiques établies un certain nombre de discours puisant directement dans l’extrême droite.

C’est le cas par exemple de certains chroniqueurs et leaders d’opinion qui exacerbent les anxiétés identitaires en agitant la menace du « grand remplacement », et de certains politiciens qui instrumentalisent ces anxiétés à des fins électoralistes. Les discours d’extrême droite comportent toujours la construction de boucs émissaires, qui sont codés comme des éléments extérieurs au corps social et sont blâmés pour divers maux de la société généralement attribuables aux choix politiques de la classe dirigeante. Les discours d’extrême droite comportent toujours la construction de boucs émissaires, qui sont codés comme des éléments extérieurs au corps social et sont blâmés pour divers maux de la société généralement attribuables aux choix politiques de la classe dirigeante; c’est un phénomène que l’on constate au Québec depuis de nombreuses années, certains politiciens blâmant les immigrants pour divers problèmes de société et désignant la population musulmane comme une menace à contenir. Les mouvements progressistes et de gauche sont quant à eux codés comme des ennemis intérieurs, sous différentes désignations infamantes, dont la plus récente est l’étiquette « woke ».

Nous croyons que cette dérive est inacceptable et a assez duré. Partant du principe que la fascisation est un processus – et non un résultat inéluctable –, nous nous donnons pour objectif de développer collectivement les moyens nécessaires pour en contrer la progression.

Ça le dit dans le nom! C’est l’ensemble des mouvements, des organisations, des regroupements, des projets et des personnes qui s’opposent au processus de fascisation et à l’influence de l’extrême droite dans la société. L’antifascisme peut être plus ou moins organisé et structuré, ou il peut être « organique », c’est-à-dire un principe général sous-jacent aux choix personnels et collectifs.

Nous bâtissons un mouvement populaire d’autodéfense collective contre la haine et les idées d’extrême droite. Notre objectif est simple : protéger nos communautés, faire reculer les discours et les groupes qui s’attaquent à la dignité humaine, et construire une société où notre collectif n’aurait plus besoin d’être actif.

Concrètement, nous proposons :

  • Se protéger collectivement lorsque des personnes ou des communautés sont ciblées, menacées ou attaquées.
  • Démasquer et contrer l’extrême droite, ses réseaux, son idéologie et ses stratégies — ici au Québec comme ailleurs.
  • Refuser la banalisation des oppressions : racisme, colonialisme, islamophobie, antisémitisme, sexisme, transphobie, classisme, etc.
    Agir sur le terrain, dans nos quartiers, nos milieux d’étude et de travail, pour empêcher que la haine devienne une force politique.
  • Pratiquer l’éducation populaire pour rendre les idées fascistes impensables et renforcer la solidarité.
    Multipliez les alliances entre mouvements sociaux, syndicats, groupes communautaires et citoyen·ne·s engagé·e·s.
  • Promouvoir une alternative positive : l’égalité, la liberté, la justice sociale, l’entraide et la joie comme moteurs de transformation.

Nous venons de différentes sensibilités politiques, mais nous partageons un même horizon :

  • Empêcher que l’extrême droite gagne du terrain et
  • Construire une société où chacun·e peut vivre librement, sans peur.
  1. Pour approfondir votre compréhension du phénomène nous avons compilé une liste de lecture (Paxton Griffin, Eco, etc.) ↩︎